bois peint • 75 x 90 x 210 cm • 2008

collection objets vagues, prix Cinna “révélateur de talents 2010”, Editions : Cinna

Entre microarchitecture et mobilier, cette étagère de coin située entre 2 murs, marque le coin qui est  un espace significatif dans la maison (une rencontre entre deux plans, une sorte de frontière). On peut entreposer des objets plus ou moins exposés ou cachés. Elle déplace les usages et pose en haut d’une échelle un cabinet de curiosité. Cette échelle à un barreau oblige à un vide, une respiration et permet aussi un accès facile ainsi qu’une assise rapide, pour feuilleter un livre par exemple.

collection objets vagues

Objets vagues est une collection de mobilier et d’objets, ayant pour point de départ une réflexion sur la divagation dans le quotidien. Cette réflexion part d’une interrogation sur la place de la divagation (un moment où la pensée peut s’échapper et errer librement pendant quelques instants), de la flânerie, de la rêverie dans le quotidien et ses moments ordinaires dans un contexte occidental et urbain, où nombreux sont ceux qui glorifient la  performance, l’efficacité, la productivité...

Dans mon mémoire de fin d’études (ESAD 2008) suivi par Pierre Doze, intitulé La divagation dans le quotidien, je mets en relation, la nécessité du terrain vague dans la ville ainsi que les sentiments que l’on peut éprouver lors de promenade ou d’errance dans ces lieux particuliers et la divagation de chaque jour dans l’espace domestique. Je me suis interrogée sur l’importance et l’utilité de ces instants de divagation et j’ai tenté de questionner ces possibles tremplins à la rêverie communs au terrain vague et à l’espace domestique.

Cependant les idées de vague, de parenthèse, de pause, de vide, d’horizon qui sont pour moi les notions les plus marquantes du terrain vague et les tremplins les plus importants  vers la divagation se retrouvent au coeur de ces objets vagues.

Avec cette collection, je me suis particulièrement intéressée aux marges laissées dans les objets, aux zones d’hésitations, aux espaces intermédiaires qui permettent l’interprétation et l’appropriation chez l’utilisateur. En  s‘écartant des typologies et des fonctions classiques, ces objets introduisent le doute chez l’usager. Ils constituent une brèche vers la divagation. La divagation n’est pas évidente ou immédiate, elle se trouve sur ce que l’on pourrait appeler la face b de l’objet.

Biographie

Marie Dessuant est née en 1984 à Paris, elle vit et travaille à Paris. En 2008, elle est diplômée de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg avec les félicitations du jury. Elle écrit un mémoire sur la divagation dans le quotidien et développe une collection d’objets intitulée objets vagues. Elle travaille ensuite à Shanghai et collabore avec les agences Naço et EXH. En 2010, elle s’installe à Paris et débute son activité de designer indépendante. Elle est lauréate du prix Cinna “révélateur de talents” avec l’étagère de coin qui est à présent éditée par Cinna-Ligne Roset. Elle est actuellement designer résident à la Fabrica, en Italie.

Elle envisage le design comme une façon d’aborder les choses qui nous entourent, une façon de voir et de donner à voir. Elle évolue sur un vaste terrain de jeux (objet, mobilier, espace, graphisme, dessin, concept…) Au-delà des formes, elle cherche à développer de nouveaux usages. Avec ces nouvelles typologies ou en modifiant certains détails d’objet traditionnel, elle essaye de ne pas imposer quelque chose à l’usager, de ne pas trop en dire, de ne pas être narrative. Ses projets relèvent de la proposition cherchant à amener un questionnement plutôt que des solutions.